Où est passée la 7eme compagnie ?

avion-vacancesAvez vous remarqué qu’il n’y avait quasiment plus ou très peu de compagnies aériennes africaines ? Exit Air Afrique, fini East African Airways, sans parler des compagnies nationales qui ont toutes périclitées les unes après les autres. La conséquence est que nous ne sommes plus maître de notre espace aérien. Pire encore, une véritable mafia a pris possession de la place et exploite à fond le filon du blues des expatriés pour pratiquer des pris fascistes (par opposition à des prix démocratiques – ndlr)

Pour la plupart des africains, les vacances offrent l’occasion de revoir la famille. J’ai coutume de dire aux européens que « la famille chez nous n’est pas plus de nombreux que chez vous. C’est juste que nous, on se  connaît tous« . Çà fait donc pas mal de monde à voir mais heureusement la plupart d’entre eux sont au bled.  A la différence de nos cousins maghrébins, il ne suffit pas de taper une bâche bleue sur le toit de la voiture familiale et de rouler 2 jours pour se retrouver à la maison: il faut prendre l’avion. Comme je suis occasionnellement pris d’une poussée nationaliste, j’ai décidé de donner sa chance à une compagnie blédard pour me ramener à la maison. Manque de chance il semble que la grippe aviaire a frappé tous les oiseaux de zinc africains. En effet, déjà qu’il y en a plus  beaucoup, les seules qui restent n’assurent pas de liaisons directs. Mais que s’est il donc passé?

Air Afrique, essentiellement francophone, a été atomisé par une gestion rendue difficile par la trop grande collusion avec le politique. Gérer 11 égo sous un même toit n’est pas une partie de plaisir, son semblable anglophone East African Airways en sait quelque chose. L’histoire récente l’a démontrée, une compagnie aérienne a avant tout une vocation commerciale. Si elle est adossé à un état cela ne tient plus car elle est alors gérée comme un service publique avec toutes les dérives qui en découlent.
Ce qui est vabable au bled est valable ailleurs dans le monde, SABENA, Swissair, TAP et Alitalia ont toutes subies le même sort que Air Zaïre, Air Congo, Cameroun Airlines ou Air Sénégal. Mais là où la différence se fait sentir c’est au niveau du redémarrage après le « crash ».  Les investisseurs connaissaient visiblement la valeur marchande des compagnies et surtout des lignes qu’elles assuraient et tous laissent à croire qu’ils ont volontairement sabordées certaines compagnies afin de les recréer dans une forme plus compétitive pour empocher le pactole.

cameroun-airlines

Prenons, tout à fait au hasard, le cas de Brussels Airlines. La compagnie est née des cendre de la SABENA. La transition a été tellement rapide que jusqu’à aujourd’hui les blédards l’appellent toujours SABENA. Plus intéressant encore, la société est directement devenu rentable grâce … à ses destinations africaines. La nouvelle direction a juste recupéré le business plan en se débarrassant des vols « de prestige » (comprendre les pompes à fric) vers l’Europe et les USA. Avec l’aide des événements du 11 Septembre, les compagnies survivantes du bled ont été bannies du ciel européen laissant ainsi les belges seul maîtres de la ligne direct Europe-Afrique. Pire, ils récupèrent les lignes les plus rentables lâchées par les compagnies nationales décédées. Avec des billets tournant autour de 1.000 € par personne, ils réussissent quand même à multiplier les rotations entre Bruxelles et le bled et à faire à chaque fois le plein de passagers. Et pour l’avoir pris plusieurs fois, je peux vous assurer que les touristes sont minoritaires à bord.

J’ai bien tenté de dribbler la compagnie grâce aux 3 survivants africains: Kenya Airways, Ethiopian Airlines et La companie Sud Africaine. C’était peine perdue car ce qui est gagné sur le prix et perdu dans une escale. Sans parler du voyage étalé sur 2 jours. Il faut vraiment que les africains rangent leur fierté mal placée et qu’ils autorisent enfin la création de compagnie charter du pays car ils sont réduits à uniquement grappiller les miettes que constituent les taxes d’aéroport (ce qui ne fait qu’augmenter le prix des billets d’avion ndlr). Il y a un  marché à reconquérir et à l’instar de ce que tente de construire ASKY en Afrique de l’Ouest,  il faut oser s’y attaquer sinon nous perdons définitivement la maîtrise de notre espace aérien.

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3 Commentaires

C’est pas faux. Dans les années 80, on pouvait voyager entre 2 villes quelconques d’Afrique par AEROFLOT … avec au passage une petite escale à Moscou.

Superbe article, au titre bien accrocheur, avec ce chef d’œuvre du septième art. :

Me suis laissé happé 🙂

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