Mais que reproche-t-on au Franc CFA ?

C’est bientôt la fin de l’année et comme beaucoup d’entre-vous, LPN, se prépare à envoyer cadeaux et argents au bled pour que la famille passe les fêtes dans la joie et la bonne humeur. Mais voila que des bruits, des rumeurs de plus en plus insistants semblent indiquer que la BCE et l’Union Européenne préparent un cadeau concurrent encore plus fabuleux qui risque fort d’occulter mes efforts personnels: le franc CFA sera vraisemblablement dévalué au 1er Janvier 2012. Si la dévaluation est quasiment acquise, seule la nouvelle parité entre le FCFA et l’Euro semble faire l’objet de discussions. Cette rumeur me permet de revenir sur l’un des sujets les plus anciens discuté sur ce blog:  Du rôle et de la finalité du France CFA.

Tout d’abord, il est bon de rappeler à qui ne le sait pas encore qu’il n’existe pas un mais bien deux Franc CFA bien distincts et non convertibles entre eux depuis 1993. Et, surtout, que depuis le 1er Janvier 1999, ces Francs CFA bien que distincts sont en fait des synonymes de l’Euro.
Il est également bon de rappeler aux quelques distraits au fond de la classe que le rattachement du Franc CFA à l’euro est inscrit en toute lettre dans le Traité de Maastricht soumis à referendum dans l’Union Européenne mais pas à Sangmélima (Cameroun) ou à Abengourou (Côte d’Ivoire) . En clair, une dizaine de pays africains ont accepté, sans discussion, de se laisser dicter leur politique monétaire par la BCE avec pour garant le Trésor Public français!

Que l’on me comprenne bien, je ne suis pas en train de dédouaner nos états pour la future dévaluation mais plutôt de les montrer du doigts. Car j’entends déjà d’ici, ceux qui disent :

Les problèmes sont en Europe et c’est nous les blédards qui allons payer le prix fort.

Et ceux qui renchérissent en disant que:

Changer les termes de la zone Franc sans changements structurels dans nos propres économies ne servira à rien, nous irions de dévaluation en dévaluation… ou pire on se retrouverait dans le cas grecque.

Au premiers je dirais, certes, les problèmes sont européens mais c’est bien le panier de la ménagère blédarde des zones CFA qui va souffrir dans les prochaines semaines. Et donc, je qualifie cela comme étant un problème de la plus haute importance pour nous blédards. A nous de trouver des solutions locales à un problème global. Que pouvons-nous, ou plutôt que devons-nous faire pour que cela ne se reproduise plus ? Se poser ces questions et surtout tenter d’y répondre c’est implicitement répondre aux remarques pertinentes du deuxième groupe de personne.

Que je sache, bien que la population du bled n’était pas aux faits des subtilités des traités européens (ce qui peut être compréhensible, les blédards sont rarement consultés sur des problèmes importants 🙁 ), une telle indulgence n’est pas de mise pour nos dirigeants. Depuis, au pire, le 1er Janvier 1999, nos dirigeants savaient ce qui les attendaient. Ils ont donc eu le temps nécessaire pour préparer si pas une sortie par le haut de la zone franc au moins de renégocier les contours de leurs relations nouvelles avec, au moins la BCE , au mieux la BCE et les patrons de l’Eurogroup. Mais visiblement il n’en fut rien.
Non, en bon blédard du 20ème siècle, on s’est contenté d’aller voir à Paris, en se disant que l’Euro et le Franc Français c’était bonnet blanc et blanc bonnet. Pire, dans le cas de la CEMAC, ont en a profité pour détourner plus de 19 milliard de FCFA au niveau de l’institution émettrice du Franc CFA pour l’Afrique Centrale (la BEAC) et  ridiculiser encore plus le bled aux yeux du Trésor Public français de la BCE et de l’Allemagne.
Bref, aujourd’hui, je peux très sereinement dire que cette annonce de dévaluation est le fruit de l’inaction concertée d’au moins quinze administrations financières, économiques et monétaires africaines.

Alors que peut-on reprochait à la prochaine dévaluation du Franc CFA ? Qu’elle ne soit pas intervenue plus tôt, qu’elle ne soit pas plus forte, ou tout simplement qu’elle n’intervienne pas dans un moment de forte récession au bled.
Pour ma part, quelques questions me viennent à l’esprit ?

  1. Les pays du bled anglophones, lusophones ou encore arabophones ne semblent pas rencontrer ce genre de problème ? Où suis-je, encore, en train de faire un procès d’intention aux zones Francs du bled ?
  2. A quoi cela sert-il de se battre pour une devise que l’on croyait stable si celle-ci n’est pas le reflet réel de la gestion et de la santé économique d’un pays, d’une sous région ?
  3.  Une dévaluation du FCFA aujourd’hui vaut-elle mieux qu’une situation à la RDC Congo ?

.. Et quelques affirmations aussi:

  1. Pour ceux qui ne l’on pas encore compris, la capitale de l’Afrique francophone ce n’est plus Paris, mais Bruxelles, pour le politique et le militaire, La Haye pour la justice… et Frankfort pour le monétaire.
  2. Je terminerais en disant aux blédards qui veulent fuir en Europe que l’Europe… il y sont déjà!!

à bon entendeur…

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