Quand les blédards s’essaient (enfin) à la diplomatie.

afriqueAu bled lorsqu’il y a une crise, les choses se passent généralement ainsi. D’abord les autres blédards minimisent l’impact de la crise, on se dit que cela ne peut pas être plus mauvais qu’avant. Ensuite un évènement montre que finalement c’est pire qu’avant. Du coup, les états limitrophes sont mis dos au mur et…. appellent la « communauté internationale » à la rescousse. Mais cela est en train de changer.

Ces derniers temps, le bled se réveille ou plutôt, pour emprunter un jargon d’informaticien, il se met à jour via l’application de services pack entiers dans certains programmes laissés sans développement depuis plusieurs décennies. Si l’origine de cette prise de conscience est difficile à déterminer, les faits ne sauraient tromper l’observateur avisé de la politique du bled que nous sommes. Voici que coup sur coup le Madagascar et maintenant la Guinée et le Niger font l’objet d’attentions particulières de la part des organisations sous régionales auxquelles ils sont affiliés.

Ces organisations, toutes économiques au départ, ont donc décidé de mettre en place un embargo politique voire militaire et de surveiller de près le comportement des dirigeants des pays concernés. Le point commun entre le Madagascar, la Guinée et le Niger est que les dirigeants empruntent des voix soient discutables soient clairement anticonstitutionnelles et visiblement cela ne plait plus au bled. Le SADC (Southern African Development Community) fait le forcing pour que le Madagascar de Rajoelina revienne dans un régime constitutionnellement viable et la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’en prend au comportement peu démocratique du président Tandja du Niger et je ne reviendrais pas sur le comportement et les actes posés par la junte militaire guinéenne.

Le président contesté de Madagascar Andry Raejolina (source)
Adnry Rajoelina

Cela ne se voit pas mais le bled vient de loin, de très loin, pour rappel, voici le témoignage d’un visiteur de lepetitnegre.com à propos du génocide rwandais vu par une tanzanienne :

Je me souviens d’une conversation avec une tanzanienne. Nous parlions du génocide au Rwanda. Elle racontait qu’au moment du Génocide les tanzaniens avait demandé au gouvernement de cesser de diffuser les images d’horreur à la télé.
Étonnement de ma part : mais pourquoi n’avez vous pas plutôt demandé au gouvernement d’intervenir pour faire cesser ces massacres
réponse : mais nous (tanzanien) ne pouvons pas faire cela, on peut pas, c’est que les blancs qui peuvent faire ca …

Il est clair que dans les cas qui nous préoccupent aujourd’hui, la réponse de ces organisations sous-régionales tranchent avec l’habitude africaine de soit ignorer un problème soit le refiler en temps et en heure aux Nations Unies voire à l’ancienne colonie en prétextant quand il le faut le rôle (réel ou supposé)  joué par ceux-ci. Mais l’on peut se demander si cette politique de prise de responsabilité, de diplomatie à la blédard, va continuer et jusqu’où celle-ci peut aller. Car que l’on ne s’y trompe pas, il y a dans ces prises de position un ou plusieurs agendas cachés que moi même j’ignore… pour l’instant. Est-ce que la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) ou l’EAC (East African Communauty) peuvent se permettre ce type de sortie vis-à-vis de l’un de leurs pays membres ? Et  ce type de prise de position n’est-il pas propice à l’émergence d’un droit de regards ou d’ingérence d’un état dans les affaires politiques d’un autre ? Les états africains sont ils vraiment prêt à assumer les conséquences des actes qu’ils posent aujourd’hui ?

Sans le savoir ou en toute connaissance de cause, les blédards viennent d’initier un nouveau type de diplomatie « à la blédard » qui a le mérite d’exister mais dont l’efficacité reste encore à démontrer. Encore une fois l’UA (l’Union Africaine) semble hors jeu, mais de cela nous avons l’habitude 🙂 . Les élections présidentielles à venir un peu partout avec leur lots habituels de contestations  seront donc un terrain propice pour faire évoluer cette diplomatie balbutiante, si pour autant elle survie aux crises actuelles qui l’ont mise au monde. Et vous qu’en pensez-vous ?

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