LPN au ciné: Mâh Saah-Sah

Lorsque l’occasion se présente il faut savoir la prendre et c’est donc avec un peu de retard mais avec beaucoup d’appréhension que votre serviteur a pu regarder avec grand intérêt le dernier film du camerounais Daniel Kamwa Mâh Saah-Sah, le réalisateur de Pousse-Pousse et le Cercle du Pouvoir. Ce film a reçu les honneurs du FESPACO 2009 avec le Prix Cinétoile. En fait, j’ai surtout vu sa version DVD traduite en français vu que les secrets de la langue bamoun me sont encore étrangers.

L’idée générale

Le film en soit n’est pas très compliqué à expliquer ou plutôt à comprendre. C’est l’histoire d’un jeune homme et d’une jeune femme qui ont le coup de foudre l’un pour l’autre en étant adolescent, quelque part dans le sud ouest du Cameroun et de leurs mésaventures afin de pouvoir enfin vivre leur amour au grand jour. Si je m’arrête là, je n’aurais pas dit grand chose mais cela est fait dans le but de vous amener à voir le film et non à en lire la chronologie ci-dessous minutes après minutes 😉

Nchare (Abdel Aziz Nchankou) et  Mapon (Mfouemoun Bea Flore)
les amoureux de
Mâh Saah-Sah

masasa

Ce que j’ai aimé:

Ce film ne se veut pas révolutionnaire mais l’apport de moyens au niveau des caméras et de la pellicule me permet enfin d’apprécier ce long métrage comme étant un film et non un énième téléfilm dans lignée de Ma Famille.  Je sais que ce genre de détails peut paraitre anodin pour certains mais il a de l’importance si l’on veut crédibiliser les œuvres du bled… hors du bled.

Autre point positif, le tournage du film fait entièrement au village, la ville (Douala) est évoquée mais jamais montrée ce qui peut aisément laisser le spectateur imaginer cette endroit qui doit surement être complètement différent de ce que nous montre le cinéaste du village.

Généralement pour qu’un film se vende bien ou du moins soit apprécié par la majorité des gens il faut de bons acteurs et surtout un bon méchant. Moluh incarneà lui tout seul tous les stéréotype des méchants africain. il est à la fois: le businessman, le députée, le corrupteur et j’en passe. Il est une caricature de tout ce qui ne va pas bien au bled et son interprétation par Muise Mama est juste. Chaque fois qu’il apparait son comportement et sa manière de parler sont toujours impeccables et il permet au cinéaste de montrer toutes les facettes détestables du personnage et donc de notre société.

L’ambiance durant les scènes de rites africains avec leur cortège de coutumes et d’usages est rendue de manière brute ce qui confère une authenticité que je n’avais jamais vu auparavant.

Ce que j’ai détesté

Le film n’arrive pas à trouver son rythme, le début est poussif et la fin… précipitée. Si, comme moi, vous n’avez pas lu le synopsis de la pochette car vous vouliez être un maximum surpris, vous allez devoir attendre une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir commencer à comprendre là où le cinéaste, Daniel Kamwa, veut vous amener. Chaque scène prise indépendamment est intéressante mais les transitions entre scènes sont abruptes et ne permettent pas toujours au spectateur de comprendre l’enchainement des évènements.

Certains aspects du film m’ont paru faire pencher le film plus vers le documentaire que vers la fiction. Les scène romantiques ou intimes (si on peut réellement parler d’intimité) entre les jeunes amoureux du couple semblent parfois être mal rendues ou peu mises en valeur.

Certains personnages apparaissent et disparaissent sans que l’on ne comprenne leur intérêt puisqu’il n’apporte rien à l’histoire ou à la trame générale.

Les flashbacks qui sont censés nous permettre de mieux comprendre le contexte de la situation actuelle ne sont pas immédiatement compris car la transition vers les scènes du présent est beaucoup trop brutale.

Enfin, les acteurs m’ont parues à certains moments absents ou « faux ». En clair, j’ai eu l’impression de voir une pièce de théâtre et non un film à des moments clés du film.

Ce que j’en retire

Au de-là de mes complaintes ce film m’a laissé une sensation de vrai. Le réalisateur en voulant tout montrer a péché par excès de gourmandise. Les différents points abordés sont tellement intéressants qu’ils mériteraient pour chacun d’entre eux un film entier. L’atmosphère et la bande-son du film permettent néanmoins un voyage qui vaut le détour du côté du Cameroun. Je suis impatient de voir ce que nous réserve pour la suite Daniel Kamwa. Car visionner  Mâh Saah-Sah est une expérience qui vaut la peine d’être vécue. Daniel Kamwa a, en tout cas, réussi à me laisser une sensation de manque et d’envie voir d’autres films du bled.

Extrait de Mâh Saah-Sah

MaSâSâ_CLIP posted by DKDREAM2

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4 Commentaires

@LPN,
Enleves le « m » que tu as mis devant Bamoun là vite lol.
Sinon je l’ai aussi regardé il y’a quelques jours ce film, je ne manquerai pas d’envyer Daniel par ici pour qu’il lise lui meme.
On est à peu pres d’accord…

@LPN
Pendant que tu y es, tu peux aussi replacer le ‘a’ avant le ‘m’ dans le nom du réalisateur? Daniel Kamwa, il s’appelle, si je ne m’abuse.

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