La Légende du Touriste Africain

Le Touriste Africain se reconnaît au fait que quand un policier lui demande ses papiers, il trouve anormal d’être tutoyé ( l’ Africain local voire Français ayant depuis longtemps admis cette coutume) – Vilain

avion-vacancesPériode estivale oblige voici un sujet plus léger mais qui a quand même son importance. Faisons un petit test ensemble. Allez sur votre compte Facebook ( ne faites pas les malins je sais que vous en avez tous un – ndla) et passez en revue les photos de vacances que vos amis blédards n’ont pas manqué de mettre en ligne. Alors ? Incroyable non ? Vous assistez là à la naissance d’une nouvelle espèce: le Touriste Africain.

Rappelez-vous au siècle dernier (il y a 10 ans quoi!), quand on voyait un africain en dehors de ses frontières il n’y avait que deux possibilités: soit on venait de faire un coup d’état dans son pays et il était dans le mauvais camp, soit c’était l’enfant d’un diplomate ou le diplomate lui même. On ne pouvait pas parler de touriste blédard. Quand bien même il arrivait qu’il retourne au pays le blédard n’était pas assimilé à un touriste car il circulait en famille et pas dans les sites touristiques.
Mais avec le temps et la mondialisation, les blédards se sont eux aussi sentis poussés des ailes. Il a d’abord fallu vaincre le barrage traditionnel du VISA. Celui-là a causé la disparition de 90% des destinations touristiques hors du pays d’accueil de notre menu. Pour s’évader, il fallait aller dans une autre région du pays en faisant fi des préjugés inter régionaux qu’on ne maîtrise pas, et pour cause, les blédards évitent de s’éloigner des grandes villes. Puis, grâce au traité de Maastricht et l’avènement de l’espace Shengen les destinations se sont multipliées pour les blédards de la diaspora. Tous les week-end, des familles entières descendent sur les principales capitales de l’Europe au grès des événements. Le 14 Juillet à Paris, le 21 Juillet à Bruxelles , le shoping de Noël à Londres et j’en passe. Tous cela devient encore plus généralisé avec la génération des « doubles nationaux »: vous voyez de qui je veux parler ? Il s’agit de blédards qui arborent un passeport dit Shengen qui leur permet d’aller où bon leur semble sans montrer « patte blanche ».

photo d’un noir en Norvège via le  blog de Roger
noir_norvege

Mais quelles sont nos destinations favoris ? Contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre … ce sont les même que celles des autres catégories de touristes. Il faut du soleil et « qu’il se passe quelque chose« . Mais qu’on ne s’y trompe pas, j’ai du refuser maintes sollicitations d’aller au sport d’hivers depuis 3 ou 4 ans, mais je connais plus d’une dizaine de potes qui gardent comme une relique les photos du week-end dans les Alpes.
Plus préoccupant par contre le tourisme nord-sud ne marche pas des masses. Mis à part le cas exceptionnel du Sénégal, champion toute catégorie de l’accueil des touristes, les blédards n’aiment pas aller jouer les touristes au bled. La raison officielle: on a déjà tout vu du bled. Pourtant  les statistiques disent que seulement 1% des rwandais a vu les gorilles de montagne en vrai et moins d’1% de congolais ont vu un léopard en vrai. La raison officieuses: personne ne veut être traité de toubab ou comme un toubab au bled. Le résultat est une prolifération de photos des blédards au Grand Canyon, à Las Vegas, dans les bars de Phuket , dans les Caraïbes sans Zouk et dans les montagnes norvégiennes.
Observez bien votre réseau social la semaine prochaine car les Juillettistes sont de retour … à moins que vous soyez un Aoutien et qu’à l’heure où j’écris ses mots vous êtes dans vos valises. Bonne Vacances à tous.

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3 Commentaires

Le shopping de Noël à Londres ? Hérésie ! Va pas me faire croire que les anglais ont des destinations touristiques, pourquoi tu croit qu’ils vont en masse sur le continent européen ?

Les marchés de Noël sont en Allemagne, ou a la rigueur à Strasbourg ou en Belgique.

Bon, je vais être plus sérieux.

Seulement 1% des rwandais a vu les gorilles de montagne en vrai ? Je ne conteste pas ce chiffre, et pis, cela ne m’étonne même pas.

Il suffit que je feuillète un Guide du Routard sur l’Alsace pour découvrir plein d’adresses…. que ni moi, ni mes parents ne connaissent pas. Sauf que mes parents ont passé l’essentiel de leur vie dans cette région. Le musée du chocolat à Strasbourg, par exemple, ça ne les intéresse pas. Par contre, mes parents à Bruxelles, le musée du chocolat près de la Grand’place, voilà qui les intéresse. Curieux comportement, reproduit à l’identique par 90% des « touristes ».

J’ai vécu des années à Paris, je ne suis jamais monté en haut de la tour Eiffel, je ne comprends vraiment pas qu’est ce qui attire ces hordes de touristes sur l’avenue des Champs-Elysées (ils ne viennent quand même pas pour se faire pigeonner de leur plein gré ?), et l’île de la cité m’évoque plus le Tribunal que Notre-Dame. Certaines mégalopoles sont tellements riches qu’il faut des années pour en faire vraiment le tour (Paris ou Londres par exemple) ; allez comprendre comment les cars de japonais parviennent à en faire le tour en 24H…

Le « touriste » a donc un comportement curieux, il veux voir « ailleurs », mais ne connait même pas -et ne s’intéresse pas- à son chez lui. Evidemment qu’il ne veux pas faire du tourisme au bled, ce n’est pas un « ailleurs ». Au fond, il faudrait aussi se demander : « pourquoi faire du tourisme » ? (comme c’est hors sujet, j’y réponds pas).

Le gros beauf’ au moins n’a pas ces prétentions intellectuelles, pour lui ce sera « sea, sex ‘n’ sun » : un hotel low-cost avec piscine ou en bord de plage feront l’affaire, le lieu lui sera totalement secondaire. Pour le grand bonheur des hoteliers marocains (mais aussi sénégalais).

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