Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus

Un titre accrocheur pour un sujet qui ne l’est pas moins. Ce jeu de mots facile sur la phrase culte de Jules César est le titre du second livre de Omar Ba paru aux Éditions Max Milo. Après nous avoir livré sa « Soif d’Europe, témoignage d’un clandestin » , l’auteur récidive avec un sujet qu’il connait bien. Il dresse ici le constat qu’il n’existe plus d’eldorado en Europe pour les bledards. Intéressant n’est ce pas ? Je ne l’ai pas encore lu (merci la poste !!)  c’est donc une raison de plus pour en parler.

Mais qui est donc Omar Ba pour nous donner des leçons ? Et bien il est lui même un de ces anciens rêveurs. De son propre aveu, il a été matraqué depuis sa plus tendre enfance au Sénégal par le même message: « il n’y’a pas de vie ici, il faut aller en France ». La famille, les amis , les potes , les touristes, les sénefs, tout le monde a contribué. Normal que, à la fin, il se met a y croire car autant de personnes ne peuvent mentir de concert. Armé de son courage et de son baccalauréat en poche, il part donc lui aussi en direction de la France. La vie lui donne alors gifle sur gifle jusqu’au jour où il est expulsé et ramené manu militari en bled. Honte sur lui et sur la famille car le gars a échoué.

Qu’à cela ne tienne, la chance tourne un jour et il remonte sur Paris mais cette fois à la régulière, un visa d’étudiant en poche. Heureusement il a déjà été vacciné contre les mirages de l’occident. Et maintenant plutôt que de survivre, il observe, analyse et tire un plan. C’est ce plan qu’il nous offre Je suis venu, J'ai vu, Je n'y crois plusdans ce bouquin. Il va casser le nez, de manière provocante, à tous les mythes de l’eldorado européen. Il va montrer que l’image que l’on en a, au bled, est une déformation d’un ancien contexte. Ce contexte a évolué et aujourd’hui l’Europe a changée et n’est plus aussi attractive… pour monsieur tout le monde. Car le propos est nuancé. Il y a bien de la place pour certains, les cerveaux, mais on a besoin d’eux aussi là où l’Europe les prend. Omar Ba pousse la provocation plus loin car il affirme (études à l’appui ?) que la majeure partie des frangins en Europe ne sont pas heureux. Il les invite donc sans détour à rentrer chez eux, par la grande porte.
Car l’eldorado , s’il y en a un, se trouve maintenant plus au sud. Les chinois et les européens de l’est l’on bien compris eux. La tâche n’est pas simple car en plus de convaincre des frangins de rentrer dans la fournaise que leur décrivent les médias jour après jour, il faut aussi convaincre les blédards de ne pas « monter« . Comment combattre plus d’un siècle de lavage de cerveaux ? D’autant plus que les frangins qui sont au fait de la galère en Europe jouent contre lui quand ils rentrent au bled.

Je me souviens il y a 2 ans, en rentrant au bled, j’avais tenté l’exercice de noircir le tableau de la vie en Europe pour dégouter les gamins et mes potes d’enfance. Sans même grossir le trait j’ai simplement parlé des SDFs, du chômage, du racisme, du froid, du manque de chaleur humaine, des mœurs étranges et étrangères, bref la totale. A la fin de ma petite diatribe, un grand silence qui a remplacé le bombardement de questions du début. Et puis un jeune lycéen a rompu le silence et en une simple phrase a cassé tout mon argumentaire : « Oui mais … toi tu y es allé et ça a marché ». Je n’ai pas trouvé de parade immédiate. Tous les gamins en me voyant estimaient donc que l’Europe ça valait le sacrifice vu que à la base aucun d’entre eux n’est moins doué ou moins malin que moi.

Ce bouquin m’interpelle donc au premier chef.  Je vais le lire dans l’espoir de dénicher quelques autres trucs auquels Omar Ba a pensé. Mais je crains également de tomber sur le même mur que j’ai rencontré en parcourant le bien attentionné Dead Aid de Dambisa Moyo. Les auteurs sous estiment le poids du contexte politique du bled au profit du simple contexte sociale et économique. En règle générale, les politiciens du bled ne veulent pas d’un retour de leurs enfants prodigues européanisés. Ces gens qui reviennent avec toutes ces idées bizarres, qui veulent tout chambouler et ont une facheuse tendance à ouvrir leur bouche à tout moment et sur tous les sujets. Non! Qu’ils restent là bas et mieux encore, si ils pouvaient prendre avec eux les autres trublions qui vivent au bled. Cela leur permettrait de ne pas avoir à assumer la responsabilité d’une population situation qu’ils ont de plus en plus de mal à maitriser.

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9 Commentaires

@LPN,

Je suis entrain de le lire il est pas mal. Je n’ai pas lu son premier bouquin mais pour l’instant j’aime bien. Par contre je n’ai pas ce passage de ton post.
« En règle générale, les politiciens du bled ne veulent pas d’un retour de leurs enfants prodigues européanisés. »

Je ne pense pas les bledards euréeanisés comme tu dis penses que le bled les attendus pendant leur absence et beh non les choses bougent et peu importent comment elle avances au bled avec ceux qui sont là. Si tu rentres en donneur de lecons qui dort à Akwa Palace au lieu de coucher dans la pauvre maison familliale que tu n’as pas contribué à restaurer tu tomberas dans ce genre de cliches.
La situation politique et le probleme de la circulation de l’information joue effectivement un role car en europe on est habitué à débattre de tout et de rien alors que au bled ce n’est pas toujours le cas. Le bledard ne doit pas toujours rentrer pour faire de la politique ou etre opposant il doit rentrer pour creer de la richesse apporter de la valeur ajoutée.
Bon je retourne lire.

Un imposteur joue du malheur des clandestins sénégalais
Alors que des centaines d’immigrés clandestins sénégalais, fuyant la misère et le chômage, risquent chaque jour leur vie pour rallier les Canaries à bord d’embarcations de fortune, leur compatriote Omar Ba s’est servi de leur tragédie pour garnir son compte en banque. En 2008, l’homme publie Soif d’Europe. Témoignage d’un clandestin (Éditions du Cygne). Il y décrit un périple qui l’aurait mené de Dakar à Paris, en passant par Melilla, la Libye ou encore l’île de Lampedusa. Son histoire poignante est immédiatement relayée par les médias. Pendant un an, Omar Ba donne des interviews et écume plateaux de télévision et radios sans qu’aucun journaliste ne remette en cause la crédibilité de ses écrits. Son récit est pourtant bourré d’incohérences que la diaspora sénégalaise ne tarde pas à dénoncer. « Il s’est servi du malheur de ses frères pour gagner de l’argent facile », fulmine l’artiste sénégalais Bathie Ngoye Thiam dans les colonnes du Monde. « Le problème de fond, c’est qu’(il) disait aux médias occidentaux ce qu’ils voulaient entendre », déplore-t-il. L’homme n’a en réalité jamais tenté de franchir les barbelés de Melilla, ni même dormi dans les rues de Paris. Il n’a pas non plus été expulsé. Omar Ba est arrivé en France en 2003 avec un visa d’étudiant. En 2005, il s’inscrit à l’École des hautes études en sciences sociales mais y brille par ses absences. Radié pour avoir fourni de fausses attestations, il se retrouve dos au mur et s’invente une histoire, espérant ainsi obtenir un titre de séjour. Satisfait mais pas rassasié de sa notoriété soudaine, l’imposteur commet l’erreur de publier un deuxième essai sur le même sujet il y a quelques semaines. Le coup de trop…

Philippe Peter

@Zogo – Comme toi j’ai suivi cette triste découverte et j’avoue que je tombe de haut. Même si cela ne change pas la pertinence du sujet qui est abordé dans ce billet, cette découverte détourne un temps l’attention du public qui avait tout à gagner à débattre du sujet. Le point positif de cette triste aventure reste le fait que les bledards lisent encore les livres et autres écrits qui les concernent et le cas échéant montent au créneau pour débusquer les imposteurs.

NomObligatoire

« L’homme n’a en réalité jamais tenté de franchir les barbelés de Melilla, ni même dormi dans les rues de Paris. Il n’a pas non plus été expulsé ».

Je serais bien curieux de savoir sur quoi vous vous appuyez pour affirmer ceci ? C’est une affirmation gratuite et sans fondement. Ou sont vos preuves ?

Et quelle est l’opinion des gens qui crachent sur Omar Ba sur le sujet des jeunes sénégalais qui meurent en essayant de venir en Europe ?

Le commentaire de Zogo sonne creux comme une coquille vide…

Peut être que Omar a romancé un peu cette biographie qui attire tant de foudres.
En tous cas, ce que je peux dire c’est que el sujet est brulant et ne laisse personne indifférent.
La presse est soumise aux dictats de ces lecteurs et ma foi, ils aiment le scandale et s’en repaisse.
Là est l’erreur d’Omar : avoir pensé que les jaloux ne chercheraient pas à le démollir. La réussite des uns, même si elle n’empêche pas celle des autres rend jaloux.
Pour ou contre l’émigration clandestine ? cette question est eminnement politique. Je suis la première moi la plus tolérante qui soit à dire que l’émigration dans ces conditions plus que précaires n’est pas une bonne idée. Risquer sa vie pour un rêve ne mène à rien, seulement à faire espèrer des familles en une fortune qui ne viendra jamais. ce n’est pas une solution aux problèmes qui se posent aux pays du tiers monde.
Il faut un débat de fond sur les problèmes des pays pauvres et faire en sorte que l’aide apportée parcimonieusement par les pays riches ne le soit pas sous forme de charité mais comme une juste redistribution de la richesse globale de notre terre. C’est la faute à qui si on nait plutôt dans l’émisphère sud que dans l’émisphère nord ? pas au pauvre bledard comme vous vous définissez.
Par ailleurs être l’invité des médias comme l’a été Omar n’amène pas la fortune, la vente de quelques livres non plus. On ne peut pas décemment parler d’enrichissement sur le dos des émigrés clandestins. Cette appellation revient de droits aux passeurs qui eux, se font une réelle fortune sur leur dos.

J’ai essayé aussi dans les écoles, au mali, niger, congo, rwanda, partout ou les enfants parlaient le Francais de leur dire que l’Europe n’était pas si belle, que cela n’etait pas l’eldorado.
Dans le meilleur des cas j’ai eu le droit à un
« oui mais ce vous appeler pauvreté chez vous pour nous ici c’est la richesse »
lorsque j’ai dit que des SDF mourraient de Froid dans les rues de paris, j’ai bien senti que personne ne me croyait.
Il est de votre responsabilité à vous de la Diaspora d’avertir vos freres bledard de ce qu’est la réalité ici !
Il n ‘y a que vous qui puissiez le faire.
JJ

Voici le lien dailymotion du best of de l’émission d’arrêt sur images concernant l’affaire d’Omar Ba:
http://www.dailymotion.com/video/x9tt0j_le-clandestin-etait-un-affabulateur_news

On peut se demander pourquoi une telle position d’Omar Ba sur l’immigration (notons qu’il donne des leçons alors que lui-même a fait tout l’inverse en gagnant sa vie en France) alors que celle-ci participe en partie à un discours qui pourrait sortir de la bouche de quelques politiciens, hélas au pouvoir.

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