Mais que reproche-t-on au tourisme ?

Un collègue du boulot dont je tairais le nom et la nationalité s’est rendu récemment en Égypte pour les vacances. Lorsqu’il en est revenu, une semaine plus tard, je lui ai demandé comment il avait vécu les récents évènements politiques du pays durant son séjour. Il m’a regardé longuement avant de me demander de quoi je parlais ? Avant de poursuivre en me disant :

là où je me trouvais, il ne s’est jamais rien passé et de toute façon je ne m’aventure jamais hors de mon hôtel. D’ailleurs mis à part ceux qui travaillent à l’hôtel on ne rencontre pas beaucoup d’égyptiens.


D’emblée, je le dis haut et forts, je n’en veux pas à mon collègue, il est allé en Égypte pour le dépaysement, le soleil, les plages, les plongés et il a eu tout cela. Il a sans doute payer un séjour all inclusive chez un Tour Operator qu’il lui a assuré que tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes et son bronzage le prouve, tous c’est bien passé… pour lui 🙂 .

Moi j’en tire la conclusion suivante. Longtemps on nous a vendu le tourisme comme un secteur porteur pour le bled mais la réalité est tout autre. De ce que je comprend, le bled mise à part sans doute les taxes d’embarquement et d’atterrissage des avions ne touchent pas grands choses de ce secteur qui semblent être totalement contrôlé par des industries occidentales qui ont visiblement circonscrit les déplacements de ces clients pour en maximiser les revenus (crise oblige). Exit le « soit-disant » brassage des cultures. L’exemple de mon collègue loin d’être isolé ne fait que me conforter dans l’idée que la seule chose que ce type de tourisme importe au bled, c’est l’illusion que les non-blédards vivraient mieux que les autochtones de l’étape, alors que la réalité est beaucoup plus nuancée.

Mais que proposes-tu à la place LPN ?

Si l’on prend n’importe quel pays du bled, je suis sur, que seul une infime minorité de ses habitants a eu le privilège de voyager du Nord au Sud de l’Est à l’Ouest du pays pour y goûter aux plats du pays, pour s’imprégner de la richesse culturelle et historique de celui-ci. Les petits blédards sont capables de te citer toutes les capitales du monde mais n’ont jamais vu le plus haut sommet de leur pays. Ils savent que le World Trade Center a existé et que la Tour Eiffel vaut le détour, mais que savent-ils des merveilles et des richesses de leurs propres pays ?

Hé bien c’est simple (car tout est simple dans ce bas monde, il n’y a que la mise en œuvre qui est compliqué 🙂 ). Ce que je préconise ce n’est pas une évolution mais carrément une révolution dans la tête du blédard. Il est temps que celui-ci se réapproprie ce qui lui appartient en développant un tourisme de blédards pour les blédards avec des blédards. Commencer à comprendre l’autre, même si l’autre vit à côté de toi permet d’atteindre les objectifs suivants:

  1. Faire découvrir le pays, ses cultures et ses habitants à son peuple. Et donc améliorer les relations inter-tribales et inter-régionales. Le but n’est pas de gommer les différences mais bien de les embrasser de les découvrir et de les partager entre blédard. La meilleur façon de développer un certain respect de soi-même et de savoir ce que l’on est, d’où l’on vient et quel est notre propriété commune.
  2. Faire entrer de l’argent dans l’économie locale, régionale voire continentale: Si un habitant de Kisangani va passer ses vacances à Lubumbashi ou hors des frontières du RDC à Maroua au Cameroun, il sera de toute façon amené à dépenser de l’argent pour se nourrir, se loger et se déplacer. Donc il dépensera son argent et fera tourner l’économie locale. Et comme il n’intéressera pas les Tour Operator non blédard, il utilisera les infrastructures conçu par des blédards … pour d’autres blédards, qui sont généralement à moindres coût mais qui remplissent largement leur fonction.
  3. Faire bouger les politiques d’infrastructure du bled. Il faut pour accompagner ce nouveau tourisme des routes, des chemins de fer, des chemins fluviaux et des lignes aériennes dignes de ce nom. Pour reprendre mon exemple Kisangani, Maroua on ne s’y rend pas (encore) à pied ou à vélo.
  4. Améliorer notre éducation. Cela demande que chaque citoyen puisse communiquer avec son hôte. Cela implique de renforcer l’éducation et l’apprentissage des langues nationales voire régionales, mais également les moyens de communications (téléphone, mobile, internet).
  5. Améliorer la couverture santé. Ce serait idiot de mourir loin de chez soi par manque de dispensaires ou de point de santé;

En clair voilà comment une simple idée, se ré-approprier son tourisme, peut amener une révolution dans nos mentalités, mais également dans nos poches. Alors la seule chose que l’on peut réellement reprocher au Tourimse actuel ou plutôt à ce qui le pronent chez nos politiques c’est de ne pas s’adresser au bon public.. à bon entendeur LPN vous salue.

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