Le Malade Imaginaire ?

Une tragi-comédie est en train de se dérouler devant les yeux incrédules du monde dans l’un des plus grands pays du bled, j’ai nommé le Nigeria. Non, je ne parle pas de leur victoire élimination prochaine à la CAN 2010, quoique celle-ci serait tragique pour des Super Eagles à la poursuite de leur gloire d’antan. Je parle plutôt de l’imbroglio qui règne au plus haut sommet de l’état: Le Président Oumaru Yar’Adua doit il rester ou partir ?

Commençons par un bref résumé de épisodes précédentes si vous le voulez bien. Au mois de Novembre passé, le Président en exercice du Nigeria Oumarou Yar’Adua est pris d’un mal soudain et foudroyant. Il est évacué d’urgence sur l’Arabie Saoudite (ndla: revoir mon coup de gueule sur l’absence d’hôpitaux spécialisés au bled) où il est vite diagnostiqué d’une péricardite.
Les contraintes du traitement maintienne l’homme en dehors du pays et de sa fonction un temps de plus en plus long à tel point que les politiciens sont amenés à se prononcer sur sa capacité ou non à régner gouverner. Comme tout cela se passe dans la légalité la plus absolue, une action est intentée en justice, puis une seconde et enfin une troisième en début de cette année 2010. Toutes ces initiatives de blocage déblocage judiciaire de la situation sont elles même bloquées. Du coup, on a recourt à l’outil législatif. Mais la constitution du Nigeria est claire: le Président doit lui même se déclarer malade et incapable pour que la machine se mette en route. Mais voilà Yar’Adua se garde bien de le faire et laisse le pays dans une paralysie politique qui pousse tout les acteurs politiques nationaux comme internationaux à se prononcer et se positionner dans cette affaire.

Comme il est de tradition chez LPN, même dans les cas extrêmes nous arrivons à débusquer les bons côtés d’une situation, même lorsque l’exercice est compliqué.

Premier point: je note avec satisfaction que tous les nigérians joue le jeu de la légalité. Les coups bas et autres retournements de vestes des politiciens qu’ils soient alliés ou pas de Yar’Adua se font dans le respect de la Loi. C’est une bonne chose est un signe de maturité politique certain de la classe politique du Nigeria. Sous d’autres cieux mais toujours au bled, il suffit d’un semblant de vacance du pouvoir pour que la machine militaire se mette en marche et bafoue les règles du jeu. Donc un bravo est de rigueur pour les politiciens et l’armée du Nigeria (ndla: je sais qu’il est ridicule de féliciter quelqu’un lorsqu’il fait ce qu’il est censé faire mais j’assume cette aberration).

Le Président du Nigéria du temps de sa superbe (source)

Second point positif: la machine « Nigeria » continue à tourner malgré l’absence du chef de l’État. Il est vrai que cela se passe en mode « gestion des affaires courantes » comme l’a montré l’échec de la nomination au forceps du nouveau chef de la justice en l’absence du Président. Il est vrai qu’il serait difficile de justifier qu’un régime se déclare présidentiel si celui-ci n’a pas besoin de son Président pour fonctionner? Mais le Nigeria a atteint une niveau de décentralisation et de délégation des pouvoirs spécialisés (ministères) et locaux (ndla: le Nigeria est une fédération) tel que l’essentiel de la machine fonctionne.
Il n’y a en fait que les problèmes extrêmement grave touchant à la nation entière qui sont pour l’instant gelé. Mais voilà cela nous mène à ce qui ne va pas.

Même si le gouvernement en affaires courantes règle tous les problèmes actuels, émeutes comprises,  il n’empêche que le Président est la première vitrine du pays. Un pays sans chef de gouvernement pendant une longue période cela ne fait pas sérieux aux yeux des investisseurs étrangers, et ce, quelque soit la raison de cette vacance officieuse du pouvoir. Un tel pays est perçu comme politiquement instable et donc impropre au « vrai » business qui implique un soutient ouvert et explicite de l’État. Les Banques, Institutions et autres travailleurs du Nigeria en feront bientôt la triste expérience si ce n’est déjà le cas.

Je termine pas une interrogation qui venant de moi est plus philosophique que politique et j’espère que vous m’en excuserez. Qu’y a-t-il de si grisant au sommet du pouvoir pour qu’un homme s’y accroche coûte que coûte ?
J’ai d’abord pensé à l’extraordinaire « plan retraire pension » qui est lié au job, mais tout de suite je me suis dit que même en démissionnant maintenant Yor’Adua y a droit. Il en va de même pour le traitement salarial ou pour certaines prérogatives en matière de sécurité de la personne physique. Quoi de plus normal que ces services soient encore accordés à un ex chef de l’État. Non, je pense qu’il s’agit de l’exercice même du pouvoir mélangé à un certain ego sur-dimensionné . Cet égo est d’ailleurs nécessaire, il faut le reconnaître, pour déjà postuler, devenir et exercer le boulot de chef de l’état le plus peuplé du bled.
Quoi qu’il en soit, j’espère un prompt rétablissement à monsieur Yor’Adua, qu’il retrouve toutes ses facultés mentales au plus tôt afin de passer le flambeau à un autre fidèle serviteur de la nation tout aussi capable que lui. Ce sera un acte de courage et d’abnégation qui renforcera son image d’homme intègre d’abord au service de son pays et non au service de ses propres intérêts … mais qui suis je pour donner des leçons?

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4 Commentaires

C’est quoi cette constitution où c’est le président qui doit dire qu’il n’est plus en mesure d’assumer ses fonction là même d’abord?
C’est complètement stupide.

@Eddy
et pour abonder dans ton sens…
Pourquoi ne pas exiger qu’après un certains délai, cette carence soit constatée, soit de fait, soit par le biais d’un certificat médical en bonne et due forme(dans les formes que l’on souhaitera….).
A l’évidence, le système présidentiel fait penser les nigérians que l’homme est plus important que l’institution et c’est vraiment dommage!!!

ces blédards , mais vraiment!

Je ne suis pas un fin observateur de la politique nigériane, mais je me souviens qu’au moment des élections présidentielles, Yar Adua était soutenu par Obasanjo. On le savait déjà à l’époque d’une santé précaire, ce qui sous-entendait qu’il ne gérerait que par à-coup le pouvoir de ce pays. De fait, actuellement, je lisais que c’est Goodluck Jonathan qui dirige le pays depuis trois mois. Il me semble que pour les stratèges d’Obasanjo, c’était la meilleure solution plutôt que de laisser un Atiku Abubakar, forte figure du nord au pouvoir…
Le cas YarAdua est celui d’une énième mascarade sur notre continent.

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