Spartacus Negro

Quand j’ai pondu ce titre, je pensais avoir inventé une expression bâtarde en latin qui allait me valoir un #afroflop de plus. Heureusement, la presse m’avait devancé. « Spartacus Negro contre la ‘Ndrangheta » ce n’est pas un nouveau film, une fiction sur le bled, mais bien une réalité qui aurait mérité un éclairage plus important si le drame haïtien ne lui avait trusté sa place en tête d’affiche. Je reviens donc dessus et sur le message que l’évènement doit envoyé au bled.

Ce que le monde (européen) a vu c’était une foule de blédards manifestant en colère mais sans autorisation dans les rues de Rosarno, une ville de Calabre, dans le sud l’Italie. La foule cassait tout sur son passage: commerces, habitations et véhicules témoignant d’un sentiment de colère et de révolte propre aux situations où la coupe pleine a fini par déborder. Ce que le monde (européen) a ensuite entendu c’est que la  population locale s’était mobilisée pour réagir et avait ouvert une véritable chasse à l’homme avec pour cible … les immigrés. Les amalgames aidant, la situation a dégénéré et le nombre de victimes dans les deux camps aurait été encore plus important si les forces de l’ordre n’étaient pas intervenues de manière musclée pour mettre fin à ces violences urbaines.  Une intervention rapide et efficace à tel point que cela a éveillé la suspicion de votre serviteur.


La coupe est pleine et déborde dans les rues de Rosarno (source)

Tout d’abord, tous les médias semblaient tous être au courant de la situation dans laquelle les blédards de Calabre se trouvent. Dès le début des troubles, moultes reportages en profondeur ont montré la situation déplorable dans laquelle les gars vivent. A mis chemin entre l’esclavage et la misère, entassé dans des entrepôts, vivant dans des tentes de camping même l’hiver bref c’était la m** totale. Les reportages montraient également le pourquoi du comment: la mafia Calabraise, la fameuse ‘Ndrangheta (ndla: le mot signifie « héroisme et vertue » excusez du peu),  les exploite comme travailleurs saisonniers dans les champs du sud avec l’aval coupable des autorité locales, elles aussi noyauté par l’organisation. La dérive mafieuse dans la région a été telle que l’État a pris le contrôle de la mairie (ndla: qui normalement dépend du pouvoir local ) dans une tentative désespérée d’éviter un scénario à la napolitaine.
C’est ainsi que l’on a pu mieux comprendre et interprété le semblant de revirement xénophobe et raciste de la population de Rosarno à sa juste valeur: il y avait bel et bien manipulation des contre manifestants. Si je n’avais pas moi même foulé le sol italien pour me rendre compte de l’accueil chaleureux réservé aux blédards par les italiens du sud, je serais aussi tombé dans le panneaux. Autre preuve: une manifestation contre la haine raciale a directement suivi dans la ville pourtant  déserté par la  majorité de ses immigrés. Le message est clair: ce n’était pas une crise noirs contres blancs, c’était une révolte exploitée contre les mafieux. Ne nous trompons pas d’ennemis.

Que retenir pour un blédard de cet aventure ? Tout d’abord que la migration n’est pas un parcours doré vers un paradis de même nature. Mesdames et messieurs les clandestins ou simples candidats à l’immigration, vous allez bientôt devenir des proies de choix convoités par des organisations dangereuses et sans scrupules. Ce message doit passer impérativement au bled images à l’appui pour que les candidats à l’exile sachent ce qu’il en ai.
Deuxio, je reviens sur la prestance des autorités à nettoyer le lieu du forfait. Ce n’est pas que les italiens sont des maniacs de la propreté plus que d’autres. Ils savent l’impact que ces images ont sur l’attractivité de leur pays. Pas pour les investisseurs, non, mais pour les immigrés potentiels. Car ils savent qu’ils ont besoin de cet apport humain même si ils  ne peuvent le dire ouvertement sous peine de perdre les prochaines élections. Il y a donc dans la plupart des pays européens un discours franchement nationaliste d’extrême droite et une réalité économique et démographique du terrain tout autre. Et bien les « neo esclaves » venant du bled le savent aussi aujourd’hui et après s’être soulevés ils sont prêt à revendiquer plus. Cependant, je ne suis pas sur que les politiques en face d’eux soient prêt eux à lâcher du lest.

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