Entre un frère et un ami …

Entre un frère et un ami, le choix est clair. La phrase n’est pas de moi mais de feu Mobutu Sese Seko alors Président du Zaïre (R.D.C)  à l’occasion d’un discours mémorable à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU. C’est par cette image que son gouvernement pris parti, sur une base purement continentale, pour l’Egypte dans son conflit ouvert avec Israël. Revenons aux temps présents, le couperet vient de tomber ce 04 mars 2009 et une fois de plus un dirigeant africain, Omar El-Béchir, est mis à l’index. Un mandat d’arrêt international vient d’être émis à son nom. Sans attendre, les autres dirigeants africains sont montés au créneau pour  condamner l’acte au grand étonnement des Européens.
Le Président du Soudan est, selon ceux qui l’accusent, le principal responsable des massacres perpétrés au Darfour, région sinistrée de son propre pays. Il semble pourtant que cette dernière décennie, dès qu’un dirigeant africain est mis à l’index par une Cours de Justice étrangère, les autres dirigeants africains font bloc et s’y opposent fermement.  Les cas qui ont occasionnés les plus virulentes répliques sont ceux des attaques sur l’équipe du rwandais Paul Kagame ou celle du Zimbabwéen Robert Mugabe. Et maintenant c’est au tour d’Omar El-Béchir. Ce qui retient mon attention ce n’est pas le fond du dossier, bien qu’il ait son importance, c’est le traitement diplomatique de la question par les membres de l’UA (Union Africaine).

Quelque pars je comprends leur dilemme: cette affaire est vue en occident comme un choix entre pour ou contre les actes imputés à El-Béchir. Sur le contient africain il s’agit d’un tout autre débat. Cautionner le mandat d’arrêt revient à apparaitre comme un « faux frère » ce qui est la honte suprême pour un africain. Nos leaders font donc le pari de la popularité de proximité et optent pour le soutient au dit frère, et ce, pas forcement en se disant qu’eux-mêmes bénéficieront de la réciproque le moment venu.

Comme dans bien des cas en diplomatie le plus sage est souvent de ne pas prendre parti aussi ouvertement. Pourquoi ne pas plutôt se poser en médiateur des deux parties ?  Cela permet d’éviter l’étiquette de traitre à la famille à la solde de l’Occident. Cela permet aussi de ne pas  se fâcher avec l’ami tout en lui rappelant en coulisse que les mandats ont une fâcheuse tendance à voyager systématiquement du nord vers le sud – oui la Serbie (Milosevic) c’est aussi en Afrique -. En condamnant ouvertement El-Béchir,  les Occidentaux se sont protégés d’une responsabilité sur un potentiel Rwanda 2.0 au Darfour. Il serait prudent que les africains ne tombent pas dans le même piège. Prendre partie pour son frère n’est pas un problème en soit, il faut juste ne pas oublier de bien le gifler en publique parce que l’on sait pertinemment qu’il a déconné.

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